Texte : Pa Ming CHIU
Illustration : Anato FINNSTARK
Kin et Palwynn errèrent très longtemps, sans but ni destination particulière, afin d’échapper aux primes sur la tête du guerrier. Ils allèrent aux confins des terres connues et en revinrent.
Au fil des années, les crimes du Loup Noir tombèrent dans l’oubli, tout comme le nom de la célèbre mercenaire Kinora Nildun, fille du terrible Lorkis Nildun.
La chamane disait vrai, le temps n’avait plus d’emprise sur eux et ils ne vieillissaient plus. Mais l’esprit humain est fragile et n’est pas fait pour l’éternité. Plusieurs fois, Kin céda au désespoir et au poids de la solitude. Plusieurs fois, elle manqua de sombrer dans la folie. Plusieurs fois, elle songea à mettre fin à leurs vies dénuées de sens. Mais de par son attachement à Palwynn, elle n’en trouva jamais la force.
Après un siècle, les deux amants ne firent quasiment plus l’amour. Après deux siècles, Kin ne parla quasiment plus à Palwynn. Après trois siècles, elle cessa de parler à qui que ce soit.
Ils retournèrent à la grotte, dans la forêt de pins, où Kin avait autrefois scellé leur destinée et s’y cachèrent pour ne plus avoir affaire au monde des Hommes. L’Histoire leur donna raison.
En plus de trois cent ans, le visage de ce monde changea considérablement. Les conflits permanents fragilisèrent les royaumes, au point qu’aucun ne survécut à la dernière Grande Guerre. Il ne restait plus que des ruines pour témoigner du lointain passé flamboyant des rois et des reines.
La politique céda le pas aux religions et aux superstitions, et les Hommes se réunirent selon leurs cultes, en trouvèrent de nouveaux et en exhumèrent d’anciens.
En même temps que les dates et les sciences furent oubliées, les antiques serments le furent également et la sorcellerie interdite fut à nouveau pratiquée dans des proportions dramatiques.
De nouvelles forces obscures se virent alors appelées en ce monde à travers ces rituels contre-nature. Des Dieux ancestraux, furieux d’avoir étés soutirés de leurs plans de réalité ou réveillés de leur sommeil éternel, foulèrent le sol des Hommes, qui incapables de les maîtriser, ne firent que précipiter encore plus leur propre déclin, leur propre apocalypse.
Le tissu perverti de la réalité ne cessa dès lors de se déchirer chaque jour un peu plus.
L’âge des hommes était révolu. L’Âge des Idoles était venu.
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